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Photographe: «Pour le temps que tu pourras le faire!»

La photographie c’est éphémère, je l’ai compris dès le début de ma carrière. À peine ma démission annoncée, j’avais déjà un collègue qui me disait que la photographie ça faisait un temps, mais que ce n’était pas pour tout le temps. Un peu insultée, surtout très motivée à le faire mentir, je voulais tout faire pour être l’exception à cette règle. J’avais envie de croire qu’on pouvait être passionné 10, 20, 30 ans même et encore mieux, pouvoir en vivre aussi longtemps.  Aujourd’hui, je tente de le vivre une journée à la fois pour ne pas sombrer dans la panique de «où est-ce que je saurai dans 10 ans?». Je crois que c’est le mieux que je puisse faire si je veux être proactive.
Oui, la photographie est un domaine ultra compétitif. Des photographes il y en a, malheureusement, plus que ce qu’on en a réellement besoin. C’est un domaine qui interpèle un lot de personnes pour peu d’élus. Je le sais, je suis privilégiée d’avoir cette place. Vous m’avez fait une place de taille dans vos coeurs. Du moins, j’aime croire que vous m’aimez autant que je vous aime. Être photographe et en vivre en 2015, c’est un peu comme jouer au roi de la montagne, on tente de grimper au sommet. Certes, je n’ai pas l’habitude de «pousser» les autres en bas de la montagne… J’ai plutôt comme image que si j’arrive à toujours obtenir une bonne avance, je réussirai à garder ma place. C’est surtout ça au fond qui me travaille, la peur d’être oubliée, pour ne pas dire ne plus être appréciée. Ce rêve que je vies, je ne veux juste pas qu’il s’arrête. Je ne veux pas voir mon calendrier se dégarnir, je ne veux pas écouter le silence de mon studio et je ne veux pas vivre de quelque chose qui ne me passionnerait pas autant que la photo. Il y a quelques temps, une personne à qui je parlais de mon métier m’a rappeler le commentaire que je tentais d’oublier de mon ex-collègue, un commentaire qui a rebondit dans ma tête comme une balle de ping-pong. Il revient me hanter régulièrement à me demander si ma fin était proche sans savoir. Comme si c’était normal et un mal nécessaire que ça arrive, on parlait de mon boulot et la phrase est sortie «Pour le temps que tu pourras le faire». Ce jour-là, je me suis donc questionnée. Qu’est-ce qui ferait que je ne pourrais plus le faire? Est-ce physiquement? Trop vieille pour courir les enfants? Pour se mettre à 4 pattes au sol et jouer avec eux? Est-ce mentalement? Je ne supporterai plus mon boulot, je serai épuisée? Est-ce mes clients? Ils s’envoleront et les contrats entreront au compte-goutte jusqu’à ce qu’ils cessent totalement? La réponse, c’est que je n’en ai pas trouvé. Personne ne peut dire l’avenir. Moi j’aime être sur mon nuage rose. J’aime croire que je serai aussi en forme que la gardienne d’Olivia qui à l’âge de ma maman garde encore 5 petits marmots avec le sourire. J’aime croire que je serai toujours en amour avec mon travail et qu’année après année, il me fera vivre des montages russes de beaux moments comme il le fait présentement. J’aime croire que dans 10 ans, vous serez aussi nombreux à partager ma folie. Que vous le ferez avec autant de plaisir que présentement. Que je verrai vos petites bestioles d’amour grandir et peut-être même vous voir en faire d’autres. Je rêve même secrètement d’un jour pouvoir photographier les enfants de vos enfants. Je sais, je suis folle comme ça!
C’est difficile quand on y pense trop longtemps. J’ai pas envie que ça s’arrête, mais est-ce que je devrais vivre seulement en ayant en tête que c’est «pour le temps que je pourrai le faire»… Est-ce une avenue qui m’apportera autant de vivre pour préparer ma sortie? J’aimerais vous entendre, car après tout, vous êtes ce que j’ai de plus près d’un collègue de travail.
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