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Photographe: Apprendre à dire «non»

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Ce matin, alors que je consultais un groupe de photographes avec qui je parle régulièrement, une photographe, nouvelle maman, nous faisait part de sa difficulté à refuser un client ou un rendez-vous. Plus communément, elle avait de la difficulté à dire «non». Nous en avons discuté et avions clairement tous des opinions sur le sujet qui allaient souvent toutes dans le même sens. Ce qui semble parfois une évidence (c’est facile dire non), passe parfois au coté sentimental (je ne veux pas le décevoir en disant non). Ce qui cause parfois plusieurs casses-têtes. En consultant ensuite les membres de ma page Facebook afin de voir si il y avait des sujets qu’on aimerait que j’aborde, le premier nommé fût «Comment apprendre à dire non». J’ai donc l’impression qu’il s’agit d’un sujet difficile à gérer dans ce métier ou même de la vie en général. Bien que je parle des photographes, je crois que tous les travailleurs autonomes sont enclin un jour ou l’autre à devoir refuser quelque chose à un client. Malaise, déception, peur de déplaire sont un mélange de sentiments qu’il faut parfois apprendre à apprivoiser.
Tout d’abord, peu importe le métier que vous pratiquez à titre de travailleur autonome, sachez que vous êtes le seul à construire vos limites et que ces limites engendreront inévitablement des refus, des «non». L’erreur qu’on peut faire, surtout à nos débuts, est de laisser nos clients créer nos limites. Et des clients, ça n’a pas de limites en soit. Sinon, il y aurait une entreprise par client afin d’être personnalisée à leur salaire, leur horaire et leur goûts. Que vous le vouliez ou non, satisfaire tout le monde est donc impossible. Par exemple, uniquement selon l’horaire de travail de vos clients, il se pourrait qu’un préfère que vous le preniez le dimanche matin, l’autre le lundi soir, un autre le samedi soir ou encore le mercredi en fin de journée. Si vous vous fiez uniquement aux disponibilités des autres et bien, vous travaillerez fort probablement dans des plages horaires peu intéressantes, soit de soir, de fin de semaine parfois sans congé pendant 2 semaines. Si j’écoutais toujours uniquement les disponibilités de mes clients, je travaillerais tous les jours de la semaine et de la fin de semaine de 8h00 à 21h00. Ce qui signifierait que je n’aurais plus de congé, mais que je satisferais le maximum de clients. Mais encore, mon horaire aurait une limite, alors il y aurait peut-être quand même des clients déçus comme je ne peux pas en prendre 2 en même temps. On a beau aimer notre travail, pour continuer de l’aimer il faut aussi qu’il nous apporte une certaine qualité de vie. Et là, on parlait uniquement d’être soumis à l’horaire de vos clients. Si vous vous mettez aussi à la disposition de son salaire, et bien, vous devrez probablement négocier l’ensemble de vos prix si vous n’êtes pas prêts à lui dire «non». À réaliser des contrats à perte ou en gagnant moins que ce que vous méritez. Si vous vous soumettez aussi à ses goûts, vous ferez peut-être des photographies que vous trouverez déplacées ou dépassées parce que vous ne lui aurez pas dit «non». Et là, c’est à la qualité de votre travail que vous nuirez.
La qualité de vie est souvent la meilleure raison de dire «non». Car, avouons-le, lorsqu’on commence à penser dire «non» à un contrat, c’est souvent d’abord parce que notre horaire personnel entre en conflit avec une proposition professionnelle. La fête de votre enfant, vos vacances, une journée de congé, des engagements familiaux. Je crois sincèrement, surtout dans le cas du photographe, qu’un travailleur autonome heureux est un travailleur autonome qui performe. J’ai déjà vécu des semaines sans congé, des semaines à 13-14 contrats, de jour, de soir, de week-end, à voir mon copain qu’au souper et qu’au couché. Un souper de 15 minutes sur le coin de la table et un couché d’épuisement. Je ne veux pas recommencer et surtout, je ne veux pas faire vivre ça à ma fille. Si vous réalisez un contrat en vous disant «j’ai hâte de le terminer», que ce soit pour retrouver vos proches ou pour vous reposer, c’est un contrat qui ne mérite pas d’être fait. Un contrat pour lequel un «non» aurait été préférable. Je préfère grandement réaliser un contrat et être à 120% avec mes clients et y avoir du plaisir, que de faire un contrat en pensant que je n’aurais pas du le prendre. Vous aurez beau avoir le plus gros salaire du monde, si vous n’avez pas de temps pour profiter de celui-ci, ça ne vaut pas le coup de le gagner. Ce n’est pas de refuser tous les clients par plaisir évidemment, mais bien de vous respecter peu importe les décisions que vous prendrez. Le tout, en respectant aussi vos clients.
Toutefois, dire «non», est parfois brise-coeur. Ne plus avoir de place pour une future maman, dire «non» à un contrat intéressant, ne pas être disponible pour un client régulier… Ce qui est particulier pour un travailleur autonome versus une entreprise ou une chaine, c’est souvent l’aspect humain de la chose. Le client parle directement à un humain qui prend l’ensemble des décisions quant à ses prix, qu’à son horaire en passant par son style. Personnellement, ça me fait toujours quelque chose de dire «non» à un client peu importe le sujet, tandis que quand je travaillais pour une chaine, ça ne changeait pas grand chose dans ma vie et je passais à un autre appel. Parce que maintenant, je sais que c’est moi personnellement qui peut décevoir. Parce qu’un «non» pour mon entreprise, peut être un client perdu ou insatisfait. Mais posez-vous les questions suivantes lorsque vous êtes dans une prise de décisions difficiles, est-ce réellement mieux de décevoir à répétition conjoint, enfants et amis pour un contrat? Est-ce réellement mieux de mettre vos valeurs de côté pour un seul client? Est-ce réellement mieux de réaliser un contrat sans en retirer de plaisir? Restez authentique et c’est ce qui sera le plus payant à long terme. Pour vous, votre famille, vos amis et même vos clients. À vous de trouver le juste milieu. De dire «oui» avec plaisir et «non» sans culpabilité.
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