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Photographe: Le plus bas soumissionnaire, le moins cher… Ou pas!

On entend souvent parler du «plus bas soumissionnaire» au Québec. La notion qui veut qu’une entreprise ou une personne choisissent nécessairement l’entreprise qui offre le tarif le plus bas et alléchant. Ainsi, un grand nombre d’entrepreneurs tombent rapidement dans la roue interminable des prix coupés. Le domaine de la photographie n’en est pas épargné et les photographes amateurs sont les professionnels des prix dérisoires. On retrouve une tonne de photographes prêts à baisser leur tarif, à négocier et entrer dans la parade du plus bas soumissionnaire. Comment évaluer notre valeur?

Quantité ou qualité?

Tout d’abord, il faut savoir où vous vous situez par rapport au marché actuel de votre coin de pays. Vendez-vous de la qualité ou de la quantité? Débutez-vous ou vous avez des années d’expérience? Même si l’on aime bien le faire croire chez les photographes puristes, c’est faux de penser que tous les photographes sont assez talentueux et expérimentés pour vendre une qualité qui a un prix dès leur début. Plusieurs qui se lancent sont à l’étape de créer un portfolio et de se faire des contacts dans le créneau qu’ils souhaitent cibler. Alors, il est fort à parier que si un photographe d’expérience en demande soumissionnait sur le même projet que ce jeune photographe en recherche de contrat, il serait grandement plus dispendieux. Est-ce nécessaire d’avoir le meilleur prix? Non! Le principal intérêt est d’avoir un tarif qui nous correspond et qui est à la hauteur du respect que l’on a envers nous-même et notre travail. Le client choisira la personne avec qui il a envie de collaborer que ce soit pour son approche professionnelle, son portfolio ou son tarif. Et si le client ne magasine qu’un prix, sans même regarder les portfolios de celui qu’il engage, son double menton sur sa photo LinkedIn, il le mérite. Haha!

Trop cher ou pas assez cher?

Le tarif a une influence s’il est beaucoup trop ou pas assez cher. Effectivement, une entreprise pourrait éliminer un photographe parce qu’il dépasse largement leur budget. Est-ce de votre faute? Non! L’inverse est aussi vrai, si votre tarif est trop bas, il peut cacher quelque chose aux yeux d’une entreprise. On se demandera si vous aurez des extras ou on mettra même en doute vos compétences. Imaginez que vous cherchiez un entrepreneur pour construire votre maison. Les soumissions vont de 75 000$ à 375 000$. La moyenne des entrepreneurs est aux alentours de 250 000$. Auriez-vous réellement confiance dans l’entrepreneur qui vous demande 75 000$? Vous questionneriez peut-être son professionnalisme et la qualité de son travail? Aurait-il oublié quelque chose? Chargera t’il des extras? Et celui à 375 000$, pourquoi est-il dispendieux, offre t’il une garantie supplémentaire?

Rarement la photographe la moins chère, mais très compétente!

Personnellement, je le sais pertinemment. Quand je soumissionne, je suis rarement la photographe la moins dispendieuse d’un projet. Habituellement, si l’on me veut vraiment, c’est parce que l’on veut faire affaire avec moi et non quelqu’un d’autre. On veut ma touche et ma signature. On a peut-être aussi eu une référence positive à mon égard! Pourquoi est-ce ainsi? Parce qu’avec le temps, j’ai acquis de l’expérience dans différents créneaux. Je sais que mon travail ne vient pas qu’avec des photos. Il vient avec un encadrement du client, une retouche avancée, un résultat de qualité et un service après-vente. Je guide mes clients comme pas une et je réalise mes mandats avec assurance. Je sais que cette approche a un prix et que ce gain, je l’ai gagné. Est-ce que ça a toujours été ainsi? Évidemment que non!

L’autre photographe est moins cher!

Il arrive aussi qu’une entreprise tente de faire baisser mon tarif en me parlant de celui qui offre la même chose à 50% du prix. Mais est-ce qu’il offre vraiment la même chose? Pas du tout! On le voit au portfolio, à l’approche et à l’expérience. Est-ce que je descends mon prix? Oui… Et non! Je m’explique. Si une entreprise me trouve trop dispendieuse et veut que j’égale un bas tarif, je modifie alors leur offre de service. Je leur dis que pour arriver à ce prix, je dois faire les choses comme ça. En coupant du temps, des photos, des déplacements ou encore l’approche complet d’une séance. On peut donc passer d’une demande de 10 heures de shoot et 3 portraits par personne à «Ce sera le même tarif pour un shoot de deux heures et une photo par personne.». Ainsi, je continue d’offrir un travail qui correspond à MON tarif et non au leur. Si on veut la même chose pour le même prix, alors je ne suis pas pour vous!

L’expérience, ça se paie!

J’ai probablement été le plus bas soumissionnaire pour certains projets lorsque je débutais. Est-ce que ça voulait dire que je ne respectais pas le domaine et que je n’allais jamais devenir une photographe accomplie? Du tout! Je proposais simplement un tarif qui correspondait aux normes de qualité que je m’étais fixées. Si je ne maitrisais pas un aspect qui était demandé ou si je manquais de confiance pour réaliser une technique particulière, je chargeais moins cher. Pourquoi? Parce que je me disais que si je me plantais un peu ou beaucoup, mon tarif correspondrait à l’offre. Au contraire, si je me plantais sur un tarif trop élevé, je me tirais dans le pied du point de vue de ma réputation. J’aimais mieux être décrite comme une bonne photographe qui ne charge pas trop cher qu’une photographe médiocre qui coûte cher. Au pire, j’étais une photographe moyenne à prix moyen. Ça restait plutôt neutre. Ma réputation allait donc se bâtir sur ma qualité photo et non sur mon prix puisque si quelqu’un passait le mot que j’étais bonne, rien ne m’empêchait de charger un peu plus au prochain. C’est le principe de gagner son expérience.

Évaluer avant de soumissionner

Encore aujourd’hui, ma manière de créer mes tarifs est très dirigée envers le respect que j’ai envers mon propre travail et non pas en comparaison avec celui des autres. J’évalue mes dépenses et le temps que j’aurai à investir. Ensuite, je me demande si je me sentirai bien avec ce prix. Je ne veux pas sortir d’un contrat en me disant «Mon Dieu, j’aurais du charger le double. J’ai trop mis de temps sur le projet et je me sens exploitée!». Alors, ma stratégie est toujours de me demander «Pour quel tarif je me sens bien de le faire et respectée à titre de photographe pour ce type de mandat?». À ce moment, j’ai un tarif assez près de la réalité.

Il faut donc arrêter de se comparer au voisin et de vouloir établir ses tarifs en fonction des autres. Il faut plutôt le faire pour nous, pour notre clientèle et notre service. C’est la base de notre offre, car peu de gens savent réellement ce que l’on vaut… Bonne soumission!

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