Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Il était plus qu’un directeur d’école…

Le soleil entre dans ma chambre, c’est matinée des crêpes au chocolat ce matin. Olivia est levée et mon conjoint vient me montrer une tête familière sur son appareil mobile… «C’est pas ton ancien directeur du secondaire?». La réponse était que oui, le journal avait malheureusement raison, c’était bien Yves Carrier et ses proches qui sont décédés lors d’un attentat jihadiste au Burkina Faso. Qu’est-ce qu’ils faisaient là vous me direz? Un voyage humanitaire pour construire une école… Question de nous montrer, une dernière fois, que leur grandeur d’âme était sans limite.
Je parlerai de Yves, car c’est celui que je connaissais le plus, mais sachez que mes larmes ce matin se dirigeaient aussi vers sa famille, dont sa fille, maman de deux jeunes enfants, qui fait partie de la liste des décès et qui travaillait aussi à mon école secondaire, même si je ne l’ai jamais côtoyé. J’ai plutôt côtoyé le père de ses enfants, probablement le meilleur prof de géo que j’ai eu dans ma vie M.Richard à qui je pense depuis ce matin. Yves était plus qu’un directeur d’école, c’était avant tout, une grande personne. Il se faisait remarquer de par ses cheveux d’un roux vif, mais surtout, par son sourire et sa joie de vivre. Il était un directeur d’école formidable et je ne le dis pas parce qu’il n’est plus des nôtres, mais bien parce qu’il était incroyablement présent pour ses étudiants et son personnel. Pour les élèves de la concentration musicale, il passait nous dire bonjour que ce soit lors de nos activités ou spectacles. Il était sincèrement fier de nous, il croyait en nous quand nous avions des doutes. Jean-de-Brébeuf n’était pas une école facile… Une école où se côtoyait pauvreté, un grand nombre de cultures différentes, des ados normaux, mais des brisés aussi… Mais lui, ce qu’il y voyait, c’était «la meilleure école en ville!». Plusieurs fois par semaine, première période, sa voix raisonnait dans l’intercom. Nous l’écoutions tous attentivement, il nous donnait le sourire. Une voix heureuse, pleine de bonté, d’humour et d’amour pour la vie. Il nous faisait le résumé de notre semaine et débutait toujours en nous rappelant qu’on était les meilleurs. On s’entend, notre école était probablement plus proche de la pire dans les «tops écoles du journal» que de la meilleure de par notre clientèle, mais savez-vous quoi? On y croyait. Que si cet homme le disait, c’était vrai. Que si lui, prenait le temps de nous le dire, on était voué à de grandes choses. Il était inspirant et croyait tellement en nous.
Ce qu’on lira partout était qu’il était directeur d’école, je vous dirai qu’il était bien plus que ça. Que sa vie ne se qualifie pas par son métier, mais par sa bonté. Ce qui fait lui un très grand homme. Et sachant que sa joie de vivre était contagieuse, je me doute que tous les membres de sa famille qui ont aussi péris étaient tout aussi formidables.
Je suis sûre que plusieurs anciens étudiants se joindront à moi afin de vous transmettre nos sympathies. Ce matin, nous mettrons un peu plus de chocolat qu’à l’habitude sur nos crêpes et nous penserons à vous… Le paradis deviendra meilleur grâce à vous!
Crédit photo : Quebecor
image

Plus
d'articles