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Photographe: Se promouvoir… Avec les photos d’un autre!

Le vol de photographies et les droits d’auteur sont des sujets de mieux en mieux connus en photographie. Alors qu’on pensait pouvoir utiliser légalement une image issue de Google, il y a quelques années à peine, la population est plus informée quant aux risques associés au vol et aux mauvaises utilisations réalisés avec des photographies qui ne leur appartiennent pas. Les photographes sont devenus des chasseurs d’entreprises fautives. Néanmoins, au sein même de la communauté de photographes, un phénomène reste assez présent et peu dénoncé: Utiliser illégalement les photographies des autres photographes pour promouvoir sa propre entreprise de photographe. Oui, oui, ça arrive partout dans le monde et même au Québec. On aura tout vu!
Alors que les photographes s’entendent tous pour dire qu’ils n’aiment pas qu’on utilise leurs photographies sans leur consentement, il semble que les règles qui s’appliquent aux autres et à leurs clients ne s’appliquent pas toujours à eux. Ça semble étonnant et on se pose même la question, mais qui pourrait bien faire ça? Pourtant, les occasions d’engendrer une utilisation illégale ou un vol anodin sont grandes. Souvent plus grandes que vous le croyez et même que les fautifs ne se doutent souvent pas que l’utilisation qu’ils en font est illégale. Mais alors, qui sont ces photographes qui volent des photographies aux autres?
Débuter en photographie: 
Lorsqu’il débute en photographie, un photographe a généralement peu de photographies dans son portfolio. Il veut attirer les gens, promouvoir son service et montrer ce qu’il aimerait faire, mais n’a pas réellement de photographies concrètes à montrer. Il sera alors tenté d’utiliser celle d’un autre photographe afin de pouvoir exprimer ses goûts et ses ambitions artistiques. Ainsi, en toute naïveté et à l’aide du fameux copier/coller, on fait le tour des pages Facebook et des sites Web pour trouver des photographies qui nous plaisent. Des photographies qui représentent le style qu’on aimerait offrir et le genre de clientèle qu’on voudrait tellement attirer. On oublie (souvent volontairement) de demander la permission à l’auteur de la dites photographie. Souvent, on oublie aussi de mentionner un crédit. D’ailleurs, sachez que même en mentionnant un crédit, si vous n’avez pas la permission du photographe, vous ne pouvez pas utiliser ses photographies. Peu importe ce que vous voulez en faire. Bref, on réalise un beau gros vol de photographies pour promouvoir son service. On réalise du profit sur le dos d’un autre.
Résultat? En plus de s’exposer à des poursuites de la part des photographes volés, vous risquez de décevoir bien des clients. Ceux-ci s’attendent à obtenir ce que vous montrez et il est fort à parier que si vous volez des photographes expérimentés, vous n’arriviez simplement pas à obtenir le rendu avec lequel vous faites votre promotion. Il n’y a donc aucun avantage à utiliser des photographies qui se sont pas les vôtres!
La solution: Utilisez uniquement vos photographies pour promouvoir votre travail. Quitte à réaliser plusieurs séances tests portfolio. Assurez-vous d’avoir l’accord de vos modèles et montez un portfolio qui représente vos envies. En plus d’être légal, il montrera vos capacités réelles. Ne montrez jamais vos capacités en passant par le travail d’un autre. Même s’il est à l’autre bout du monde!

(photographie Joanie Dachy)

Les promotions:
Vous voulez réaliser une nouvelle promotion, mais vous n’avez aucune image pour la promouvoir. Vous aimez tellement des «Smash the cake», vous aimeriez tellement en faire, mais n’avez pas envie de faire une séance test. Vous voulez promouvoir le service dès maintenant, mais vous ne voulez pas investir dans un décor et un gâteau. Il vous faudrait du temps et ça semble tellement plus facile d’utiliser la photographie d’un photographe allemand qui ne verra surement jamais votre travail. Un petit «Enregistrer sous…» et voilà, une belle photographie pour promouvoir votre nouveau service de «Smash the cake». C’est ainsi pour l’ensemble des promotions que vous réaliserez. Promouvoir votre travail doit se faire avec, justement, votre propre travail.
Résultat? Vous vous exposez, encore une fois, à des poursuites de la part du photographe volé. Car clairement, si vous utilisez sa photographie dans un visuel promotionnel, vous générez en plus des revenus sur son dos. Les attentes relatifs à votre promotion seront aussi à la hauteur de la photographie présentée. Si vous volez un photographe qui prend 3 heures pour monter un décor et que le vôtre n’est pas à la hauteur, les clients risquent d’être bien déçus de votre service. Une fausse représentation.
La solution: Bien que plus long, réaliser une séance test, avec un client d’accord à ce que vous utilisiez les photographies, est la bonne solution. Bien que plus coûteux en temps et en argent, le résultat sera entièrement légal. Il représentera aussi votre style et sera plus fidèle à la promotion que vous comptez réellement faire. Si vous ne pouvez absolument pas réaliser les photographies, dans le cas d’une promotion dans un autre pays par exemple, achetez une photographie dans une banque d’image, retouchez la à votre goût et indiquez qu’il s’agit d’une photographie à titre indicatif. Ainsi, vous serez légal même si la photographie n’est pas la vôtre.
Anecdote: À plusieurs reprises dans ma carrière, j’ai vu des photographes promouvoir leurs promotions avec des photographies provenant d’un photographe situé dans un autre pays. Pensant qu’on y verrait que du feu, que personne ne remarquerait. Certains vont même jusqu’à cacher le logo ou le crédit du photographe volé. Lorsqu’une promotion génère des commentaires de clients vantant les mérites de la photographie, ça devient gênant de voir quelqu’un s’accorder autant de crédit avec une photographie qu’il n’a pas prise. Disons que ça en dit long sur le professionnalisme de la personne. 

(photographie Joanie Dachy)

Les nouveaux produits:
Un nouveau fond magnifique vient d’être commandé sur le site Web d’une entreprise des États-Unis. Vous avez tellement hâte de le recevoir, vos petits mannequins seront si magnifiques sur votre nouveau fond turquoise et rose. Vous n’en pouvez plus d’attendre, vous volez la photographie sur le site Web de l’entreprise qui vous l’a vendu et l’utilisez pour promouvoir votre hâte, mais aussi les séances qui se feront avec celui-ci. Vous la partagez sur votre page Facebook, à vos milliers de followers. Ça fait déjà plusieurs années que je suis dans le domaine et jamais je n’ai vu d’entreprise qui vend des fonds avoir une mention «libre de droits» sur les photographies de leur site Web. Légalement, vous volez directement l’entreprise lorsque vous utilisez les photographies contenues sur leur site Web pour promouvoir votre service.
Résultat? Encore une fois, un risque de poursuite est présent. Il peut, encore une fois, y avoir un doute de la part de votre clientèle qui pensera que vous êtes l’auteur de la photo.
La solution: Attendre de recevoir le fond ou l’équipement en question pour réaliser votre propre prise de vue. Sinon, si vous ne pouvez pas attendre, partagez un lien du site Web d’achat. Oui, c’est bien plate parce que les compétiteurs verront le tarif payé et pourront se le procurer, mais vous le ferez légalement! Vous pouvez aussi demander l’autorisation du propriétaire de la photographie.

(photographie Joanie Dachy)

Attirer l’attention:
Un photographe américain a réalisé une photographie qui a fait le tour de la planète. Elle est tellement populaire et des milliers de personnes l’ont aimé sur Facebook. Vous vous dites que si elle est aussi sur votre page, vous récolterez assurément quelques nouveaux «j’aime» et ça fera une belle visibilité à votre entreprise. Vous volez donc la photographie pour la publier à votre tour sur votre page. De toute façon, la photo est tellement populaire qu’elle doit être libre de droits maintenant. En fait, non. Absolument pas. Le succès d’une photographie n’a rien à voir avec la liberté que vous avez de la voler. Imaginez l’inverse, vous faites une photographie populaire qui fait le tour de la planète, aimeriez-vous que votre nom y soit toujours associé? Probablement! Aimeriez-vous qu’un compétiteur la publie sans mention, ni logo? Probablement pas!
Résultat? Ai-je dit le mot «poursuite»? Vous réalisez une utilisation illégale de sa photographie. Le photographe est en droit de vous envoyer une mise en demeure et il gagnera sans doute sa cause. Vous vous faites une réputation de voleur, vous faites semblant d’être l’auteur d’une photographie qui ne vous appartient pas.
La solution? Vous aimez la photographie qu’un photographe a publié? Partagez la sur votre page avec l’option «Partage» de Facebook. Ainsi, la photographie restera associée à son travail et récoltera les mérites de celui-ci.
Anecdote: Il y a quelques années, une photographie d’une femme enceinte sur fond noir présentant en reflet de la même pose d’elle et son bébé avait enflammé le Web. Partagée des milliers de fois, plusieurs photographes se sont mis à publier cette photographie sur leur page. Sans mention, sans crédit, sans logo. S’appropriant ainsi des «likes» et des commentaires sur une photographie dont il n’avait que le mérite d’avoir volé. Laissant croire à leur clientèle qu’ils en étaient l’auteur.
Pinterest:
La venue de Pinterest est aussi devenue la venue du festival des photographies sans source. Un peu comme si ce qui était sur ce site Web n’avait jamais eu d’auteur ou de propriétaire. C’est beau, c’est partagé, ça doit être gratuit et libre de droits. Non! Une photographie, peu importe sa provenance, aura toujours un auteur qui aura des droits sur celle-ci. Imaginiez qu’on prenne une de vos photographies et qu’on la mette sur Pinterest. Votre compétiteur la trouve jolie, la prend et l’utilise pour promouvoir son travail. Trouvez-vous que ça fait du sens? Alors, pourquoi faire la même chose? De plus, même si vous mentionnez que la photographie provient de Pinterest, ça ne mentionne en rien l’auteur.
Résultat? Même si une photographie est trouvée sur Pinterest, ses droits appartiennent à son auteur. Pas à celui qui l’a publié, mais bien à celui qui a effectué la prise de vue. Ainsi, vous vous exposez, encore une fois, à des poursuites. L’affirmation «Mais elle était sur Pinterest et je ne croyais pas qu’elle avait un auteur parce qu’elle n’avait pas de logo!», ça ne vaut rien du tout légalement. Ainsi, le photographe qui s’apercevrait que vous utilisez sa ou ses photos gagnerait sa cause. Pinterest, ça permet de réaliser des petits tableaux sur leur site à titre personnel. Les regarder, les apprécier et les classer. En aucun cas, Pinterest est une banque d’images que vous pouvez utiliser à l’infini.
La solution: Utilisez Pinterest comme il se doit et non pas comme si c’était une banque d’images. Même si une photo est très populaire et que la source n’est pas trouvable, elle n’est pas sans droits. Réalisez donc vos propres prises de vue ou tentez de retrouver l’auteur pour lui demander sa permission. Sinon, créez un tableau, partagez-le, mais ce qui est sur Pinterest, reste sur Pinterest!
Vous voyez combien de formes différentes le vol d’images peut prendre? On pense que seules les entreprises volent les photographes, mais il semblerait que beaucoup de photographes volent d’autres photographes pour promouvoir leur propre service. Dès qu’il s’agit d’une utilisation professionnelle, que vous utilisez la photo de quelqu’un d’autre dans un contexte professionnel, vous vous exposez à des démarches judiciaires. Et savez-vous quoi? Pour avoir envoyé quelques mises en demeure, ça coûte cher que de voler une photographie et dans la majorité des cas, les photographes volés ont gain de cause!
Merci Joanie Dachy, photographe professionnelle en France, de me permettre d’utiliser ses photographies pour illustrer les propos de cet article. 
 

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